Vaut-il mieux agir ou penser ?

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L'analyse du professeur


La formulation de la question, en posant une alternative entre action et pensée, semble supposer que les deux sont exclusifs. C’est toutefois partiellement trompeur parce qu’il ne s’agit pas tant ici de réfléchir à la façon dont les deux s’opposent directement que de réfléchir à la portée respective de l’action et de la pensée pour essayer de savoir si les deux portent sur le même objet ou s’ils recouvrent des réalités différentes. Bref, ce sujet repose implicitement sur la possibilité de comparer action et pensée et d’évaluer leurs avantages et inconvénients rapportés aux mêmes types de situations. Or, cette comparaison semble difficile à mettre en place puisqu’il ne semble pas que la pensée et l’action aient la même vocation. C’est un peu comme s’il y avait un temps de l’action et un temps de la pensée sans que les deux ne soient comparables.

Nous pouvons toutefois également remarquer qu’action et pensée sont parfois dans un rapport de rivalité, dans la mesure où la pensée diffère de l’action qui ne suppose pas une réflexion préalable, en conteste la pertinence, en dénonce l’approximation. La question se pose alors de savoir si la pensée s’offre toujours comme une solution, si elle est nécessaire et souhaitable dans tous les cas de figure. Autrement dit, peut-on rationaliser tous les faits comme s’ils pouvaient faire l’objet d’une réflexion préalable ? On se pose donc ici la question de la rationalité de ce qui est, et de la possibilité d’interroger les faits avec une grille d’analyse rationnelle. Le paradoxe repose donc implicitement sur le fait que l’homme est un être conscient, qui rationalise nécessairement son action et la traduit en termes rationnels, mais dont toute les actions ne peuvent être pensées, parce que l’urgence des situations exige souvent qu’il agisse sans réfléchir et vise au plus pressé.
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