Sur quoi la légitimité de l’État se fonde-t-elle ?

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L'analyse du professeur


Si tout individu possède une conception propre du bonheur et fonde sa liberté sur cette représentation du bonheur, il semble que toute forme de limitation de la liberté individuelle ne peut qu’être indue. En d’autres termes, l’État est par définition illégitime dans la mesure où il définit des lois qui limitent les libertés individuelles. Cette analyse est cependant faussée puisqu’elle fait comme si un individu solitaire pouvait vivre librement, et qu’elle suppose que tout individu a une juste perception de ce qui est bon pour lui et n’a pas besoin ni d’être éduqué, ni même de prendre conscience par lui-même de ce qu’implique son existence sociale, pour parvenir à bien se conduire. Or, il est évident que l’existence en société est la condition d’une existence meilleure pour chacun, dans la mesure où le fait de s’entendre avec les autres assure un développement économique, une sécurité, un progrès culturel etc. Si les autres n’existaient pas, l’homme serait un animal réduit à une existence fragile et constamment menacée. Dès lors, l’État semble non seulement résulter d’une nécessité vitale pour l’homme, en tant qu’il a pour fonction de permettre l’organisation sociale en garantissant la sécurité de chacun, mais permettre un véritable progrès de chacun, en permettant à tous d’enrichir sa propre vie et de progresser vers des modalités d’existence plus subtiles. La question se pose alors de savoir comment l’État peut faire accepter aux individus la régulation de leurs libertés au profit d’une plus grande sécurité dans la réalisation de leurs projets personnels. Le paradoxe de ce sujet se fonde sur le constat que chacun est juge de son existence (et donc que personne ne peut lui imposer ses critères de jugement) et ne s’entend pas nécessairement avec autrui, tout en constatant qu’il faudrait qu’il s’entende avec lui pour accéder à une vie véritablement bonne. (...)