Sur quoi la justice se fonde-t-elle ?

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L'analyse du professeur


La justice est un pouvoir de jugement permettant le règlement des conflits et l’harmonisation d’une situation. Ce pouvoir de jugement ne peut donc s’effectuer que dans la mesure où il est l’application d’un critère de justice. Or, ce critère peut se définir d’une double manière. Nous pouvons penser, d’une part, qu’il est ressenti à un niveau individuel, puisque chacun possède une conception du bien et du mal, que cette conception soit innée ou acquise, qu’elle lui vienne de son éducation ou qu’elle lui semble s’imposer naturellement dès qu’il agit. Mais nous pouvons constater, d’autre part, que ce critère du bien et du mal se trouve défini à un niveau collectif par les lois qui régissent le rapport entre les individus et par la morale propre à une société.

Ainsi, se demander sur quoi se fonde la justice revient à analyser le rapport entre ces deux façons de penser l’origine du critère du bien et du mal, à un niveau individuel ou à un niveau collectif. En effet, l’action de se fonder correspond à la recherche d’une justification possible, ce qui signifie qu’il s’agit de se demander comment établir la validité du critère de définition de la justice. En outre, la présence du réfléchi « se » indique que le fondement ne dépend pas d’une logique externe : c’est à la justice de produire sa propre justification. En d’autres termes, le sujet suggère que le fondement de la justice est un fondement autoréférencé (la justice procède d’une logique de fondation autonome). Le paradoxe du sujet apparaît alors immédiatement : si, par essence, la justice collective revient à trancher un différend pour une partie et contre l’autre, est-il possible de trouver une procédure qui lui confère une légitimité aux yeux de tous ceux qu’elle administre, de trouver un point de convergence entre les différentes conceptions individuelles de la justice ?
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