Peut-on renoncer à sa liberté ?

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L'analyse du professeur


L’opposition caractéristique de ce sujet est celle qui se fait entre liberté et sentiment de liberté. Il s’agit d’abord de s’apercevoir que ce qui sépare les deux sens de la liberté est que l’un est subjectif (puisqu’il s’agit d’un sentiment ressenti par une seule personne ou en tout cas exprimé de façon spontanée, intuitive, immédiate et non prouvée logiquement ou discursivement) alors que l’autre se veut un constat objectif (la liberté comme état donné et non susceptible d’erreur). En ce sens, il convient de chercher à savoir ce que signifie le sentiment de liberté et si la liberté se traduit autrement que par un sentiment ressenti, que par une intuition. L’enjeu de la réflexion consistera donc à chercher ce qu’est la liberté en partant du fait que le sentiment de liberté paraît en lui-même irréductible et semble correspondre à un état de fait auquel on ne peut renoncer. Le problème posé par ce sujet repose ainsi sur un paradoxe. Il semble absurde de prétendre qu’un homme pourrait renoncer à sa liberté puisqu’elle paraît constitutive de son être, et qu’elle le différencie des animaux, qui sont pour leur part soumis aux lois de la nature et à des nécessités qui s’imposent à eux. Le pouvoir de renoncer à sa liberté correspondrait donc au vouloir devenir esclave, et au fait de renoncer à réfléchir aux choix de son existence. En revanche, il semble non moins évident qu’aucune existence sociale ne peut advenir sans que des lois limitent la liberté de tout homme. Dès lors, l’homme doit nécessairement renoncer à sa liberté, et se penser comme conditionné par des lois supérieures. Jusqu’à quel point peut-il le faire de façon sincère, si l’on prend en compte le fait qu’il ne semble pas pouvoir rationnellement le vouloir ? (...)