Peut-on dire que les hommes aiment tellement la vérité qu’ils voudraient que ce qu’ils aiment soit vrai ?

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L'analyse du professeur


Le problème posé par ce sujet est celui de savoir dans quelle mesure la valeur de la vérité est au-dessus de toute autre valeur. Plus exactement, si le prix du vrai semble incontestable en tant que tel, en tant que but et que fin, faut-il en déduire pour autant qu’une telle fin justifie tous les moyens, même les moyens les plus éloignés, voire les plus contradictoires avec cette fin ? La vérité peut-elle risquer le mensonge, le parjure, la trahison ? Autrement dit, la vérité peut-elle aveugler l’homme au point où il perd tous ses repères et finit par se perdre dans une quête sans fin du vrai qu’il ne connaît même plus. Ce sujet interroge donc la capacité humaine à trouver le vrai et à en faire le moyen et la force de son existence. Se trouve implicitement en jeu le sens du vrai. Ce que l’on définit comme le vrai est l’adéquation de la chose observée empiriquement et de la théorie qui la décrit. Pourtant, la théorie est un système de connaissances qui formule des hypothèses explicatives dont l’homme n’est jamais totalement sûr qu’elles soient adéquates à la chose décrite. La connaissance suppose donc de faire des choix explicatifs qui laissent une marge d’incertitude. Comment se déterminent de tels choix ? Le problème devient particulièrement sensible dans la mesure où les choix opérés peuvent répondre à une logique morale : l’homme peut choisir de privilégier une hypothèse parce qu’elle le conforte dans ses besoins, dans ses attentes ou dans ses projets. Le vrai devient donc seulement probable, et peut même s’avérer faux parce que l’homme a voulu a tout prix faire correspondre la réalité à ses souhaits. (...)