Peut-on croire sans savoir ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet est d’abord une contradiction manifeste entre les deux verbes. Il faut donc repérer les modalités de cette contradiction pour essayer de comprendre en quoi elle est contestable. En ce sens, il apparaît que le savoir est affaire de connaissance alors que la croyance est affaire de sentiment. Les deux sont opposés en ce qu’il désignent donc deux rapports différents à une idée. Mais on peut aussi considérer que leurs définitions ne sont pas si lointaines dans la mesure où le savoir peut être défini comme croyance mobilisant une preuve en supplément (Cf. Sujet : « Faut-il opposer croyance et raison »). Dès lors, le savoir ne s’opposerait pas directement à la croyance mais en dépasserait la nature dogmatique pour parvenir à une forme d’assentiment rationnel. La différence entre croire et savoir se jouerait donc dans le statut de cette preuve supplémentaire. Cependant, à l’inverse, la croyance ne se fait jamais de façon purement arbitraire et semble mobiliser des motifs, c’est-à-dire reposer sur des idées et une forme de savoir qui la provoque. On ne croit pas n’importe quoi mais on croit toujours en fonction de raisons plus ou moins obscures. Bref, le savoir est problématique et risque de rejoindre la croyance si la preuve qu’il mobilise est fragile. À l’inverse, la croyance semble dépendre initialement d’une forme de savoir plus ou moins prouvé qui ne dépend pas du critère exclusif de la raison logique mais peut également s’appuyer sur des convictions sentimentales ou sur des préjugés qui ne sont pas nécessairement dogmatiques (qui sont de l’ordre de l’intuition). (...)