Nietzsche, Tout ce qu'on appelle amour

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L'analyse du professeur


Rendu célèbre du commun des mortels pour son « Dieu est mort », et sulfureux par son affirmation de la volonté de puissance comme moteur existentiel, Nietzsche occupe une place à part dans l’histoire de la philosophie, qu’il s’est d’ailleurs efforcé de déconstruire « à coup de marteau ». À cet égard, il n’est pas surprenant qu’il se soit fait le pourfendeur de la morale religieuse, et en soit venu à montrer que les valeurs les plus sacrées qu’elle pouvait véhiculer n’étaient que les oripeaux étroits d’une vertu de façade.
Le texte qui est ici soumis à notre étude est un exemple frappant de cette dénonciation de l’hypocrisie morale, puisqu’il s’attache à montrer que l’amour (valeur centrale de la tradition chrétienne) n’est en réalité qu’une valorisation moralisante de la convoitise, ou le doux nom d’une pulsion de vie constitutive de notre fièvre d’acquisition des objets de notre désir. Faut-il alors accepter que l’amour puisse à ce point être rapproché d’un désir pêcheur ? Ne peut-on distinguer le noble sentiment de l’avidité affective ?
Nous nous attacherons à montrer que le texte se fonde d’abord sur une lecture pulsionnelle rapprochant amour et convoitise. Nous en viendrons alors à comprendre pour quelle raison amour et convoitise ne sont que les deux expressions symétriques d’un désir de possession dans lequel se manifeste la force vitale de tout homme.
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