Les préjugés détournent-ils toujours du vrai ?

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L'analyse du professeur


Le préjugé est ce qui est pré-jugé, c’est-à-dire ce qui précède le jugement ou ce qui a été jugé par un autre que nous et que nous croyons sans examen. Il semble, en ce sens, être radicalement opposé à la vérité comprise comme une forme d’adéquation entre l’expérience des choses et les idées de l’esprit. Toutefois, si le préjugé a fait l’objet d’un jugement préalable, il a fait l’objet d’une construction démonstrative qui a porté quelqu’un à le considérer comme vrai.

Ce sujet semble alors conduire au paradoxe selon lequel les préjugés, tout en étant radicalement opposés à la méthode de construction du vrai au moyen de l’esprit critique et des preuves, peuvent cependant dire la vérité sur les choses. Bref, ne faut-il voir dans les préjugés qu’une imposture, selon laquelle nous croyons faussement que le préjugé a été pré-jugé, alors qu’il ne véhicule que des faux jugements qui n’ont jamais au préalable atteint le vrai ? Les préjugés n’atteignent-ils alors parfois le vrai que parce qu’en disant tout et son contraire, ils finissent par dire certaines choses vraies sans vraiment en avoir conscience ? Ne faut-il pas au contraire considérer que le préjugé dépend initialement d’un jugement authentique, et qu’il peut s’en réclamer et donner lieu à une justification rationnelle, pour peu qu’on prenne le temps de la construire ?
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