Les paroles engagent-elles autant que les actes ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet demande de juger de la valeur comparative de l’engagement pris en paroles et de celui manifesté par les actes. Nous pouvons définir les paroles comme des actes de langage (aussi bien réfléchis qu’irréfléchis) ayant pour but de traduire la pensée c’est-à-dire une forme d’intention exprimée dans la possible réalisation des paroles. À l’inverse, les actes proprement dits désignent l’action matérielle, le fait d’agir concrètement. Dès lors, le problème que pose le sujet est celui de savoir dans quelle mesure l’engagement verbal possède une force concrète concurrençant la force matérielle de l’acte lui-même. Il convient toutefois de remarquer qu’il ne s’agit pas de comparer simplement des paroles et des actes, mais de réfléchir à ce qu’engagent les deux, c’est-à-dire à ce qu’il est possible de prévoir à la suite des paroles et qu’annoncent ces paroles, et à l’issue des actes, dans la façon dont ces actes signifient des conséquences ou d’autres actes à suivre. La complexité de ce sujet est donc de savoir si les actes engagent des choses aussi probables que ce qui est formulé intentionnellement dans un discours. Le paradoxe devient évident. Les paroles désignent clairement un acte à suivre en ce qu’elle le formulent effectivement, mais ne sont pas des actes et font donc douter du pouvoir de réalisation de ce qu’elles énoncent clairement. À l’inverse, les actes ne définissent peut-être pas aussi clairement leurs conséquences, et permettent de les prévoir, tout en signifiant que le pouvoir de faire est bien réel puisqu’un acte précède sa conséquence. une force concrète concurrençant la force matérielle de l’acte lui-même. (...)