Les lois prennent-elles en compte les croyances des individus ?

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L'analyse du professeur


Si nous comprenons les lois comme l’expression d’un système de droit ayant pour but de pacifier les rapports entre les hommes de façon à leur permettre de vivre en société, il semble que les lois doivent prendre en compte la façon dont les individus conçoivent leurs vies afin de leur permettre d’espérer atteindre une forme de bonheur dans la vie en société. Cependant, le rapport entre les différents plans de vie des hommes, entre les différentes conceptions du bonheur, peut s’avérer problématique. En effet, il est possible de penser que les convictions morales des individus ne sont pas nécessairement en accord. En ce sens, les croyances, en tant qu’elle sont des modes d’expression des convictions morales les plus profondes des individus, semblent possiblement divergentes. Autrement dit, il n’est pas acquis que les différentes croyances ne poussent pas les individus dans des directions divergentes, ne conduisent pas à une atomisation nécessaire de la société selon des valeurs radicalement opposées. Le problème de ce sujet devient donc de savoir dans quelle mesure les croyances individuelles ne sont pas potentiellement porteuses de valeurs entrant en contradiction avec les valeurs de la citoyenneté, c’est-à-dire les principes de la loi. Plus profondément, ce qui se trouve donc interrogé à travers ce sujet est le principe de l’universalité possible des lois : si nos sociétés démocratiques sont fondées sur un idéal qui suppose la possibilité de trouver des valeurs partagées par l’ensemble des individus (l’idéal de droits de l’homme et du citoyen tel qu’il est formulé par les Lumières), la réalisation de cet idéal se heurte d’autant plus à des coutumes, des traditions ou des habitudes de vie que la liberté accordée à chacun a pour conséquence que nul ne peut imposer des valeurs à l’individu et le plier à des préceptes moraux. (...)