Le désir suppose-t-il la connaissance préalable de son objet ?

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L'analyse du professeur


Il s’agit ici de s’interroger sur la nature du désir en partant du fait que le désir ne se fait jamais sentir sans impliquer une forme de conscience précise de ce qui est désiré dans l’esprit de celui qui désire. En effet, à l’inverse du besoin qui se ressent comme une exigence propre à nous-mêmes, et qui impose une satisfaction quel que soit le mode de cette satisfaction (je peux manger n’importe quoi lorsque j’ai faim), le désir est sélectif et conduit à rechercher une satisfaction ciblée d’une chose en particulier (je désire déguster un Pommard).

Dès lors, le désir suppose une conscience qui identifie un objet : il suppose donc une forme de connaissance de la chose désirée. Cette connaissance ne laisse néanmoins pas d’être problématique, dans la mesure où la violence du désir brouille souvent la perception de la chose désirée. En effet, lorsque je désire une chose, je me la représente comme bonne, c’est-à-dire qu’elle me séduit, me fascine et me conduit à la valoriser. Le désir se cristallise, est oublieux de ce que cette chose peut avoir de déficient ou de mauvais. Bref, le fait que l’objet du désir me passionne rend la connaissance de cet objet d’autant plus difficile et d’autant moins objective. La connaissance de l’objet du désir est donc une connaissance paradoxale dont la validité semble douteuse et la réalité contestable.
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