La science fait-elle disparaître les croyances ?

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L'analyse du professeur


La science semble s’opposer à la croyance. En effet, lorsque l’homme possède une croyance, il adhère à une explication que la raison ne peut justifier. La croyance repose sur une insuffisance de preuve et conduit à affirmer quelque chose dont nous ne sommes pas certains. En ce sens, la science aurait pour effet indirect de faire reculer la croyance en développant la connaissance. Cependant, nous n’observons pas nécessairement un tel recul, dans la mesure où non seulement les limites de la connaissance acquise laissent toujours la possibilité d’une croyance au sujet des choses que nous ne connaissons pas encore, mais en outre, la croyance paraît également s’alimenter des preuves que peut lui fournir le savoir. En effet, même si toute vérité scientifique peine à se poser comme définitive, la croyance qu’elle engage va consister à en faire une vérité absolue qui peut elle-même être un obstacle au développement de la science.

À cette perception classique des rapports entre science et croyance s’oppose toutefois une perception plus problématique qui montre que la science fait elle-même l’objet de croyances, au sens où les hypothèses qu’elle pose sont crédibles et engagent des convictions profondes quant aux représentations que les individus se font du monde. Le mouvement de la science apparaît alors comme paradoxal puisqu’il fait reculer les croyances traditionnelles mais en suscite de nouvelles, à la fois de façon externe, au-delà de ses propres démonstrations, et de façon interne, au sujet de ce qu’elle peut prouver.
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