La philosophie peut-elle parler de la religion ?

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L'analyse du professeur


Le problème que permet de construire ce sujet est celui de la confrontation entre deux discours : celui de la raison et celui de la foi. Or, définir ces deux discours revient immédiatement à constater qu’ils sont formellement opposés et irréductibles sans pour autant être véritablement en concurrence puisqu’ils ne s’adressent pas à la même faculté en l’homme. Autrement dit, et ici particulièrement dans la façon dont est formulé le sujet, est-il possible de soumettre à l’analyse rationnelle un sentiment de foi qui paraît définir l’expérience religieuse ? Cette question devient problématique dès l’instant où l’on songe au fait que la religion n’est pas simplement un sentiment de foi (Cicéron relegere), mais est également une façon de relier les hommes entre eux (religare), c’est-à-dire une façon de penser les relations sociales en référence à des normes morales et d’expliquer le monde selon des expressions métaphoriques. La démarche va donc avoir pour but de chercher à savoir si la philosophie soumettre à une analyse rationnelle le discours du sentiment intérieur caractéristique de la foi.

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Plan proposé

Partie 1

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Il est d’abord possible de montrer que la philosophie peut analyser les manifestations extérieures et sociales du religieux pour essayer de comprendre de quelle façon le discours religieux est porteur d’un message temporel et politique. En effet, la religion est un fait social puisque les hommes s’organisent en fonction de préceptes pratiques et d’une morale qui encadrent leurs actions.

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Cependant, la façon dont les hommes s’organisent à partir de ce fondement est elle-même soumise à une analyse critique et le modèle théocratique (gouverner selon la loi de Dieu) qui incarne une telle application des préceptes religieux apparaît comme arbitraire et dangereux.

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À cet égard, il semble possible de dire que la philosophie ne peut analyser la religion sans en venir à en dénoncer le facteur de croyance illusoire.

Partie 2

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En outre, une telle analyse critique s’applique de façon plus large à l’ensemble de la religion comme discours de la foi. Le discours philosophique, comme discours de la raison, se heurte de plein fouet au discours mystique de la foi. En effet, le discours de la foi n’est pas appuyé sur des preuves et part de dogmes qui son imposer sans permettre la réflexion.

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De plus, au-delà de la forme même du discours qui n’est pas démonstratif, le fond de ce discours semble incompatible avec la façon dont le discours philosophique s’adapte aux évolutions sociales et politiques des civilisations modernes.

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Enfin, le discours de la religion paraît même invalidé moralement, dans la mesure où il apparaît comme peu adapté à la liberté morale des individus contemporains et à la façon dont ces individus recherchent plus une façon d’interpréter le monde qu’une interprétation toute faite.

Partie 3

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Néanmoins, si la religion rend l’homme étranger à lui-même en lui professant une morale qui n’a plus vraiment de rapport avec son monde et ne parvient pas vraiment à le convaincre rationnellement, pourquoi assiste-t-on de nos jours à un renouveau du besoin de spiritualité ? Pourquoi entendre des discours religieux de plus en plus radicaux et voir le besoin de repères moraux se faire de plus en plus sentir ? Dès lors, si le discours religieux reste une donnée essentielle du fonctionnement humain, et qu’il ne peut s’agir d’une simple illusion sociale, la philosophie a pour tâche d’en fournir une analyse.

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Autrement dit, si la philosophie ne peut comprendre la religion, il faut qu’elle parvienne à en parler et à l’expliquer.

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Dès lors, la religion ne peut se comprendre philosophiquement que par défaut, c’est-à-dire négativement comme un besoin au coeur l’homme et non dans son intelligence, c’est-à-dire comme un besoin d’être spirituellement accompagné dans son existence.