La médiation est-elle particulièrement importante dans notre société contemporaine ?

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L'analyse du professeur


Dans Le Barbier de Séville, Figaro, ingénieux valet du Comte Almaviva, est l’indispensable médiateur des amours brûlantes de ce dernier pour Rosine. La société de cour semble en ce sens obliger à de telles médiations, puisque rien ne peut se faire sans masque et sans fard. Il pourrait sembler qu’une telle époque fait désormais partie des souvenirs courtois de la politesse sociale du passé, et que seul a triomphé l’individu transparent, confronté à l’authenticité de sa relation à l’autre. Pourtant, la médiation semble avoir de beaux jours devant elle : le médiateur de la République ne cesse de faire face à un nombre croissant de sollicitations directes, et les procédures de médiations judiciaires sont de plus en plus souvent conçues comme des alternatives aux règlements judiciaires mineurs.
Faut-il alors considérer que la médiation est particulièrement important dans notre société contemporaine ? Pourquoi avoir recours à des médiateurs, s’il est désormais possible de tout se dire, c’est-à-dire de se considérer comme des égaux ? Nos sociétés se sont-elles à ce point atomisées qu’il est désormais nécessaire de ne considérer autrui que comme un étranger qu’un tiers seul peut me rendre accessible ?
Si la médiation semble le dernier recours du dialogue, au seuil de la justice, l’importance contemporaine d’une telle médiation semble alors le symptôme de sociétés judiciarisées mais engorgées (I). Pourtant, la médiation ne remplace pas le règlement judiciaire : elle est plutôt la poursuite d’un dialogue, dont l’importance tient à la difficulté de maintenir un tel échange dans des sociétés libérales (II). Il semble en ce sens difficile de considérer la médiation comme fondamentale, puisqu’elle ne possède aucune force propre, et semble alors conduire à des solutions de compromis valables uniquement pour ceux qui en ont le souhait (III).
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