L’homme doit-il se résigner à mourir ?

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L'analyse du professeur


La mort se définit de façon négative comme la fin de la vie. Mais, de façon positive, la définition de la mort semble moins aisée. En effet, l’homme ne peut appréhender empiriquement la mort, sauf par l’intermédiaire d’une mort qui n’est pas la sienne. Mourir est donc une expérience paradoxale puisqu’il s’agit de comprendre biologiquement l’arrêt des fonctions vitales sans pouvoir le ressentir vraiment, c’est-à-dire en ne ressentant qu’une souffrance morale qui ne correspond pas à la réalité physique. Dès lors, la mort est vécue, par celui qui vit, comme une fin morale, alors qu’elle est vécue par celui qui meurt comme un arrêt physique.

À cet égard, la question de la résignation à mourir n’a de sens que sur le plan moral. Nous n’avons pas vraiment le choix de notre mort, si nous considérons la mort naturelle et non le suicide. En effet, le suicide ne pose pas la question de la résignation puisqu’il relève d’une décision volontaire, d’une décision qui se pense comme un choix libre (que cette liberté soit réellement prise ou ne soit qu’une fuite). Autrement dit, se poser la question de savoir si l’homme doit se résigner à mourir revient à s’interroger sur le sens moral que peut avoir la mort pour l’individu qui ne la vit pas physiquement. Le sujet nous confronte donc à la possibilité de comprendre moralement la mort. Plus exactement, ce qu’il s’agit de savoir, c’est si la mort peut avoir un sens à partir de la représentation que l’homme se fait de sa propre vie, ou si la mort reste radicalement étrangère à la perception morale que chacun a de sa propre vie.
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