L’homme a-t-il raison de se méfier de la science ?

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L'analyse du professeur


La science suscite les espoirs autant qu’elle attise les inquiétudes. Les exemples de cette ambiguïté ne manquent pas pour montrer à quel point les découvertes scientifiques peuvent avoir des conséquences dévastatrices, à la fois lorsqu’elles sont mal utilisées ou utilisées à des fins moralement condamnables, mais également lorsqu’elles sont mal contrôlées. Dès lors, il semblerait évident qu’il y ait toute raison de se méfier de la science. Toutefois, se méfier de la science peut apparaître comme particulièrement problématique, tant notre monde est façonné par les découvertes scientifiques et les innovations techniques et tant il est serait difficile de se dispenser de ces transformations artificielles du monde naturel.

On peut en ce sens centrer tout le problème de ce sujet dans l’interprétation de la formule avoir raison, qui peut donner lieu à deux lectures possibles. En effet, on peut se demander s’il est rationnel de s’inquiéter du fait que les sciences progressent, sachant que le progrès a une connotation positive puisqu’il désigne l’amélioration de la connaissance. Peut-on, autrement dit, considérer qu’il est rationnel de s’opposer à la marche de la raison telle qu’elle est incarnée par le progrès des découvertes scientifiques ? À l’inverse, au plan moral, il peut sembler raisonnable de s’inquiéter du progrès scientifique, tant les conséquences possibles du progrès des sciences, à savoir son utilisation technique, peut apparaître comme dangereuse, voire immorale. Autrement dit, on peut avoir des raisons morales de se méfier des conséquences négatives du progrès rationnel des sciences.
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