L’homme a-t-il nécessairement besoin de religion ?

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L'analyse du professeur


Il s’agit ici de se demander si le fait de croire et d’adopter une religion vient de la nature humaine, se justifie en raison d’une définition essentielle de l’homme, ou si tout au contraire elle ne procède que d’une illusion due à la faiblesse de l’esprit humain, à la fragilité d’un homme qui ne parvient pas à comprendre le sens de sa destinée. Il semble à première vue que la religion unit les hommes dans une communauté de croyances dans la mesure où chacun reconnaît l’existence supérieure d’un Dieu. En cela, la religion est affaire d’individu et semble reposer sur une forme de besoin personnel et, plus précisément, spirituel. Mais, outre ce lien social, la religion, comme la science d’ailleurs, est un mode d’explication du monde et de ce qui est : elle un discours de vérité visant à expliquer la nature des choses à partir d’une origine créatrice qui est le divin. La vérité dépend donc d’une révélation première qui est la norme du vrai (la Bible pour les chrétiens par exemple) et cela conditionne une compréhension de l’histoire qui n’est pas progressive mais reste dépendante d’une origine vraie indépassable qui est le Dieu. En ce double sens, la religion résulte bien d’un besoin individuel de comprendre le monde et de vivre avec autrui, besoin qui se trouve satisfait par la façon dont le Dieu a conçu la place de l’homme au sein de la création.

Le rapport de l’homme à la religion est donc ambigu. D’une part, c’est la fragilité existentielle qui expliquerait le besoin de Dieu, besoin ancré dans la volonté de retrouver un père rassurant, de posséder une certitude devant les contingences de l’existence. Mais d’autre part, le besoin de Dieu ne serait pas qu’une affaire de volonté et de connaissance : l’homme en aurait essentiellement besoin, sans quoi son existence deviendrait absurde, serait sans origine et sans finalité.
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