L’État vise-t-il le bonheur des individus ?

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L'analyse du professeur


Si nous considérons l’État comme une institution politique qui a pour but d’organiser la vie en société au moyen de lois, il semble que la finalité de l’État ne soit pas véritablement d’assurer le bonheur des individus. En effet, le bonheur est une forme d’idéal ou de souhait profond qui correspond à la façon dont un homme parvient à satisfaire ses aspirations, à correspondre à l’idée qu’il se fait de la meilleure vie possible. En outre, s’il s’agit du bonheur de l’individu, il semble que le problème soulevé par le sujet conduise d’autant plus à dissocier la sphère de l’État, c’est-à-dire du politique, de la sphère de l’individu, dans la mesure où l’individu désigne un homme tel qu’il n’est pas l’identique de son prochain. En effet, par individu, il faut entendre ce qui est propre à chacun et non pas ce qui est commun comme homme. Dès lors, il semble que le bonheur de l’individu, loin de dépendre de ce qui est commun aux autres, se définisse justement par ce qui en diffère et appartient à l’individu en tant qu’individu.

Cependant, cette façon d’isoler l’individu du reste des hommes peut être problématique. Est-il véritablement possible de dissocier ainsi un homme de son milieu ? Peut-on croire que le bonheur que vise chacun, même en tant qu’individu, ne dépend aucunement de ce qu’il est vis-à-vis des autres et de ce que sont les autres pour lui ? En outre, quand bien même cela serait effectivement le cas, ne faut-il pas que l’État assure à chacun les conditions de réalisation de son propre bonheur ? Ne doit-il pas, en quelque façon, penser que la fin politique se doit d’intégrer et de viser, au moins en partie, les bonheurs particuliers des individus afin que tous existent harmonieusement dans un espace politique qui leur apporte une satisfaction morale minimale ?
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