John Locke, Essai sur l'Entendement humain, II 27, §22

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L'analyse du professeur


La façon dont Descartes propose de définir l’homme comme sujet conscient pose problème, dans la mesure où sa manière d’envisager l’action humaine le conduit alors à faire du sujet un être responsable, qui n’aurait d’autre choix que de rationaliser son action afin de maîtriser l’ensemble des conséquences qui pourraient en découler. Ce fantasme de la maîtrise de soi est pourtant problématique, dans la mesure où la conscience est souvent bien fragile, et ne semble pas systématiquement en mesure de saisir l’ensemble des raisons déterminant l’action.
Dès lors, il apparaît, à l’instar du texte de Locke ici soumis à notre étude, que le sujet conscient pourrait tout aussi bien être un fantasme ou une illusion, sur laquelle il deviendrait impossible de compter pour évaluer la responsabilité de la personne. Cette d’ailleurs la thèse que défend Locke, qui montre ici que le droit ne peut s’embarrasser pleinement de psychologie, et doit se fonder sur des faits décrivant l’action de la personne, avant que d’entrer dans la considération morale de ses intentions morales. Bien évidemment, la distinction est problématique, puisqu’elle tend à ne pas permettre de saisir les excuses de responsabilités, et à ne pas remarquer que la maîtrise de l’action est parfois très difficile à obtenir. Fonder la justice sur les faits ne risque-t-il pas en ce sens d’être injuste, puisque tout individu n’est pas moralement responsable de l’ensemble des faits qu’on peut objectivement lui imputer ?
Nous nous attacherons à montrer que Locke met d’abord en lumière le problème, en indiquant combien est difficile la définition de la personnalité à partir du principe de la conscience. Nous en viendrons ensuite à comprendre que Locke défend l’idée d’un fondement objectif de la conscience, en montrant que les lois ne peuvent s’appuyer que sur des faits. Nous finirons enfin à montrer que le texte distingue soigneusement la justice humaine de la justice morale, afin de sauvegarder les excuses de responsabilités dont peut bénéficier un sujet qui n’est pas toujours omniscient.
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