Jean-Paul SARTRE, Cahiers pour une morale (extrait)

Partager sur Facebook Partager sur Twitter


L'analyse du professeur


Parfois considéré comme le « dernier des philosophes », Sartre est vraisemblablement celui qui marque encore profondément la représentation que nous avons de l’engagement, c’est-à-dire du rapport de l’homme à l’affirmation de sa liberté. En ce sens, Sartre parvient, au cours de ses ouvrages, à parfaire une théorie de la liberté existentielle qui n’est pas simplement une thèse abstraite, mais permet également de penser les implications et les modalités concrète de cette liberté.
Dans le texte qui est ici soumis à notre lecture, Sartre aborde le problème de la maladie, et pose la question des réactions possibles à la conscience de cette maladie pour celui qui en est touché. Contrairement à une position strictement fataliste, qui accepterait le destin imposé, et contrairement à une position morale, qui chercherait les raisons dernières de cette fatalité, Sartre prône une théorie de la responsabilité, au regard de laquelle le malade doit trouver dans sa maladie les conditions d’une affirmation radicale de sa liberté. Cette thèse semble paradoxale, puisqu’elle paraît ignorer la gravité de l’aliénation du malade, dont la pauvreté de vie (les contraintes) rime bien souvent avec un espace concret d’action considérablement restreint. Comment adhérer à une telle ré-affirmation de la liberté au cœur de la maladie ?
Nous nous attacherons à montrer que ce texte, en partant du problème de la maladie, prône la nécessité d’assumer le donné existentiel (I), pour faire correspondre cette acceptation à la possibilité d’une expérience de liberté (II) obligeant l’individu à une responsabilité nouvelle et radicale (III).
(...)