Faut-il toujours se contredire ?

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L'analyse du professeur


Le personnage de Pangloss est resté célèbre dans l’histoire de la philosophie comme celui qui parvient à justifier tout et n’importe quoi, et dont les contradictions ne paraissent nullement un obstacle au mode de fonctionnement. La capacité à assumer ses propres contradictions semble même être un gage d’optimisme permettant à celui qui incarne la caricature de Leibniz de devenir le symbole de celui pour qui les contradictions sont le signe de la supériorité du dessein divin. Aux limites de L’absurde, le modèle de l’ironie de Voltaire interroge sur la façon dont fonctionne la contradiction, et sur ce qu’elle révèle des capacités de l’intelligence humaine.

Le sujet « faut-il toujours se contredire » apparaît ainsi comme particulièrement problématique, puisque se contredire semble à la fois un signe de l’échec de la raison et une manière de progresser afin de mieux affirmer son pouvoir. L’esprit de contradiction suppose en effet toujours la validité du processus de la raison, qui se confronte à elle-même et construit les modalités de son interrogation afin de chercher à progresser dans son explication des choses, mais prend également le risque de ne pas parvenir pas à surmonter les contradictions et d’aboutir à un désaveu propre qui pousse au scepticisme voire à la misologie (haine de la raison). L’opportunité, la nécessité, le devoir de la contradiction ne sont donc pas du tout évidents, mais une raison qui ne se contredirait pas semble à l’inverse enfermée dans un dogmatisme dangereux.

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