Exister, est-ce profiter de l’instant présent ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet met en lumière l’ambiguïté de la perception du temps pour l’homme. En effet, le temps peut être vécu comme un écoulement objectif des évènements qui nous arrivent, écoulement face auquel nous n’aurions guère le choix de notre existence puisqu’il s’impose à nous sans que nous puissions l’influencer. Mais le temps peut être compris également comme une forme de création artificielle de l’esprit humain, qui s’en sert non seulement pour mesurer un écoulement objectif d’évènements, mais surtout pour penser son mode propre d’organisation, c’est-à-dire pour projeter son action à la faveur de l’expérience passée dans une expérience future. Le temps serait donc une façon utilitaire de gérer l’action de l’homme, de la prévoir et de lui donner des fins. L’expression « profiter du temps présent », qui calque le carpe diem, recouvre cette ambiguïté, dans la mesure où il pourrait s’agir d’accepter la finitude (nos limites) qui nous oblige à ne vivre que le présent, ou de la refuser pour faire de l’instant présent le point de synthèse existentielle d’un moi qui se projette dans la représentation passée et future de sa vie. Se demander s’il faut profiter de l’instant présent consiste donc paradoxalement à la fois à se demander s’il faut vivre au jour le jour, ou s’il faut au contraire tirer le profit maximum de l’instant pour s’affirmer et dominer ce que l’on devient. (...)