Epictete, Manuel (extrait)

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L'analyse du professeur


Le paradoxe selon lequel Socrate est à la fois le plus savant et le plus ignorant des hommes, parce qu’il sait qu’il ne sait rien, marque durablement l’ensemble de l’histoire de la philosophie, qui se définit ainsi comme la recherche d’une sagesse existentielle se développant sur la conscience des limites du savoir humain. À cet égard, il semble que le philosophe soit condamné à une expérience de la frustration qui paraît particulièrement rude, notamment au regard des plaisirs habituellement associés à une vie simple et plus ordinaire.
C’est à un tel problème que s’affronte le texte ici soumis à notre étude, dans la mesure où il s’attache à définir la supériorité de la vie philosophique en prenant paradoxalement la mesure de la difficulté que représente l’adoption d’une telle vie. La vie éthique est en ce sens, pour le philosophe, un choix exprimant l’excellence de l’âme humaine, mais indiquant réciproquement toutes les tentations dont il faut s’extraire afin d’y prétendre. Dès lors, l’enjeu de ce texte dépasse celui de la simple conduite de la vie bonne, et touche à des questions métaphysiques, morales et politiques impliquées par le fait que l’âme ne peut se développer qu’en respectant sa nature profonde et en confrontant les exigences de ce respect à la vie des autres.
Nous nous attacherons à comprendre tout d’abord en quoi tient la supériorité de la vie éthique. Puis nous verrons de quelle manière cette supériorité implique un détachement existentiel proche d’une position stoïcienne. Enfin, nous en viendrons à saisir les conséquences réelles d’un tel choix éthique, qui se traduit par une culture de l’effort particulièrement exigeante.
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