En quoi l’homme fait-il l’espace ?

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L'analyse du professeur


L’espace est pour Kant une forme a priori de la sensibilité, ce qui signifie qu’il est en quelque sorte un cadre préexistant à l’intuition de toute information sensorielle. À cet égard, notre compréhension de l’espace peut apparaître comme ambivalente : l’espace nous est imposé, nous ne le faisons pas, dans la mesure où il ne nous est pas loisible d’en modifier le cadre prédéterminé, mais l’espace n’existe pas objectivement, puisqu’il est compris dans notre façon d’appréhender le monde extérieur et qu’il est propre à nos capacités sensorielles. La théorie kantienne de « l’esthétique transcendantale » de la Critique de la raison pure est donc problématique puisqu’elle présuppose une adéquation entre l’homme et les choses qu’elle n’est pas capable de prouver fondamentalement, mais dont les preuves ne se vérifient qu’a posteriori.


La question « l’homme fait-il l’espace » est donc une question éminemment problématique puisqu’elle exige de comprendre d’où vient ce cadre fixe de l’intuition sensorielle à partir duquel et en fonction duquel valent les règles que nous pensons découvrir dans la nature. Faut-il ainsi postuler la validité objective et universelle de l’espace ou devons-nous au contraire reconnaître que l’espace n’est que relatif à une intuition subjective ? Le fait que l’homme ferait l’espace empêche-t-il de lui donner une validité autre que subjective ? Jusqu’à quel point notre compréhension de l’espace est-elle normative ?


Nous chercherons ainsi tout d’abord à montrer que l’espace nous apparaît comme un cadre objectif s’imposant à notre appréhension des choses. Nous en viendrons toutefois à constater que nous ne possédons pas de garantie de l’objectivité de cet espace, ce qui nous conduira à en reconnaître la validité hypothétique comme condition transcendantale de la perception. Il nous faudra alors tirer les conséquences de ce repositionnement de l’espace pour montrer que l’espace dépend de la subjectivité humaine et permet à l’homme de maîtriser son empreinte sur le monde.

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