Descartes, Méditations métaphysiques, sixième méditation

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L'analyse du professeur


Platon a professé que le corps était une prison de l’âme, en affirmant, notamment dans le mythe dEr (République), que l’âme endossait le fardeau d’un lien avec le corps le temps d’une vie. Ce mythe est resté célèbre parce qu’il a à la fois nourri la dénégation du corps comme lieu de l’erreur et des tentations, et celui du salut, notamment dans la théologie chrétienne. Néanmoins, faut-il considérer que le corps n’est qu’une enveloppe négative, qui n’a pas de dignité propre ?
C’est en quelque sorte la question qui est ici posée par le texte soumis à notre étude, dans lequel Descartes, qui analyse le rapport de l’âme et du corps, semble refuser de considérer que le corps soit un simple néant de l’intelligibilité. L’auteur affirme en effet que le corps est une autre façon de penser qui, bien qu’elle soit confuse, joue le rôle de lien permettant à l’âme de penser le monde qui se donne à elle par cette médiation sensible. Loin de l’image d’un Descartes purement rationaliste, nous découvrons donc ici un philosophe relativement proche des thèses que défendront certains de ses contemporains, comme Locke, qui reconnaîtront comme lui une forme de dignité de l’existence sensible. Quelle est alors la valeur précise du corps ? Jusqu’à quel point peut-on considérer que le corps se réduit à être un intermédiaire entre le monde et l’âme. Sa différence de nature ne lui donne-t-elle pas une identité qui échappe à son rôle purement instrumental ?
Nous chercherons tout d’abord à comprendre quelle est la nature du corps, c’est-à-dire en quoi le corps se trouve défini comme étroitement lié aux représentations de l’âme. Nous en viendrons ensuite à montrer que le corps se trouve ainsi directement identifié à une source de pensée, et que sa fonction ne se réduit donc pas simplement au rôle négatif d’induire l’âme en erreur. Nous pourrons dès lors enfin montrer que cette fonction informative et conceptuelle du corps s’articuler à une fonction morale permettant à l’âme d’agir de façon adaptée à ce qui l’entoure.
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