Dans quelle mesure peut-on parler d’une révolution freudienne ?

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L'analyse du professeur


Freud est souvent présenté comme celui qui aurait découvert la scission du sujet psychologique, scission à l’origine de la dichotomie du moi conscient et de l’inconscient, en ce sens fondatrice d’une appréhension radicalement nouvelle d’un homme contemporain qui ne serait plus maître de lui-même. Cette vision est toutefois peut-être partiellement fausse, ou en tout cas largement rétrospective, à partir d’une simplification de l’histoire de la pensée et des idées, au premier rang de laquelle se situe la volonté de mettre en lumière les doutes que Freud avait lui-même à l’égard de sa théorie, ou en tout cas la prudence avec laquelle il l’a formulait.

Le sujet : « dans quelle mesure peut-on parler d’une révolution freudienne ? » invite d’aileurs précisément à une telle réserve, en supposant que cette révolution n’est peut-être pas en elle-même totale et absolue. Néanmoins, ce que ce sujet a de paradoxal est également inscrit dans ses termes : comment une révolution peut-elle ne pas être totale, si par défintion une révolution est un bouleversement des repères les plus fondamentaux ? N’y a-t-il pas une contradiction entre la « mesure » et la « révolution » ? Faut considérer l’apport freudien à la théorie du sujet comme la formulation d’un ensemble d’hypothèses problématiques, qui ont moins pour ambition de résoudre la question de l’identité du Moi que de penser la difficulté de sa construction ?


Nous nous attacherons tout d’abord à montrer que Freud s’inscrit dans une perspective révolutionnaire, en prolongeant la révolution du sujet comme la dernière étape de la découverte du moi, en poussant ce moi jusqu’à sa propre remise en question. Nous en viendrons ensuite à nuancer cette analyse en montrant que l’hypothèse de l’inconscient n’est pas une façon de penser la puissance du moi et de lui donner les moyens de dominer les forces qui s’opposent à son affirmation, mais plutôt ue remise en question fondamentale qui risque bien de ruiner les efforts de la modernité. Nous serons alors, en dernier ressort, conduits à critiquer la démarche de Freud sur le fond pour constater que ses apports ne peuvent ultimement remettre en question la position du sujet conscient.

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