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Christian Wolff fut un philosophe de l’époque classique, disciple de Leibniz. Il est donc directement influencé par les débats induits par la philosophie cartésienne, et notamment par la façon dont cette dernière a pour particularité de poser le problème du rapport entre le corps et l’âme. Dans le texte ici présent, Wolff adopte une position de synthèse entre l’empirisme et le rationalisme, c’est-à-dire qu’il explique que la connaissance dépend d’une connexion réciproque (dans les deux sens) de l’âme et du corps, dont l’équilibre se fait en mouvement. Plus exactement, il montre que la perception sensorielle des choses extérieures au corps se transmet par le corps, au point que l’âme s’en trouve agitée, et que ce mouvement est à l’origine des pensées. Réciproquement, tout mouvement de l’âme crée en retour un état du corps. Cette thèse, relativement descriptive dans le texte ici présent, reconduit la thèse leibnizienne de l’harmonie préétablie, et pose le problème de savoir si ce rapport de réciprocité permet n’induit pas une dépendance ou un soumission de l’âme, ne permettant alors plus de penser la réalité de la liberté humaine, et la nature précise de la connaissance. De façon plus particulière encore, ce texte aborde le problème de la philosophie du langage et pose également le problème de savoir si les mots ne sont que des sons homogènes avec le mouvement de l’âme. Wolff tente en effet de montrer qu’il y a une forme de connexion naturelle entre l’âme, son mouvement et la production des sons qui expriment les mots. La capacité à parler devient donc la manifestation d’une capacité à communiquer traduisant le fait que les hommes sont mus par un mouvement commun qui les maintient dans un équilibre et une harmonie.
[...]« Les mots sont des sons, que l'ouïe est capable de distinguer les uns des autres; » W insiste ici sur le médiateur de la communication : les sons qui servent à véhiculer des mots. On peut ainsi considérer qu’il se sert d’une synecdoque pour désigner les mots, et s’attache à analyser la compréhension du langage par le biais du facteur sensoriel. « c'est pourquoi ils peuvent à leur tour être représentés dans le corps par des mouvements situés dans l'oreille et dans le cerveau. » L’analyse sensorielle se poursuit, et montre que le mouvement joue un rôle essentiel dans la construction de la compréhension humaine. Cela signifie que nous sommes en présence d’une explication physique (et même physiologique) du mouvement de la connaissance, du type de celle que peuvent parfois construire les empiristes et les matérialistes, puisqu’il insistent sur la façon dont l’homme existe dans la nature pour expliquer la manière dont il connaît les choses. « Maintenant, la connaissance générale est constituée de mots; c'est pourquoi la connaissance générale, de la même manière, peut à son tour être représentée dans le corps, c'est à dire que des mouvements pourront être excités dans le corps, mouvements qui correspondront à la connaissance générale située dans l'âme. » La connaissance n’est donc plus seulement un ensemble d’opérations abstraites et purement détaché du corps : elle devient une opération d’abord physique qui s’opère dans le corps et dépend de la manière dont l’homme existe et vit sensoriellement. Ne pas prendre en compte la nature du corps, c’est ne pas se donner les moyens de saisir la nature du processus de la connaissance, qui toutefois ne dépend pas seulement du corps, puisque le mouvement se transmet à l’âme. Le processus est donc un processus de causalité qui est à l’origine de la représentation : la connaissance de l’homme dépend donc de la connaissance qu’il se représente, c’est-à-dire de la manière dont le mouvement se transmet physiquement de l’extérieur vers l’intérieur, et finit par remuer son âme et par déclencher la représentation. « En effet, quand j'ai quelque connaissance générale, je pense des mots, ces pensées de mots consistent en représentations de certains sons, qui excitent dans les oreilles et dans le cerveau des espèces particulières de mouvements; l'on obtient ainsi un état particulier du corps, qui correspond à l'état de l'âme en tant qu'elle a cette connaissance générale. » Il convient ici de remarquer que le processus de connaissance se produit en sens inverse, c’est-à-dire que celui qui prend connaissance de quelque chose se trouve dans un état qui correspond réciproquement à un état du corps. Le mouvement de l’âme se transmet donc au corps, ce par quoi s’expliquera par exemple la volonté, et l’action.