L'analyse du professeur
En se référant à la Bible, qui pose l’autre comme mon prochain car il est, comme moi, une créature de Dieu, ce sujet pose un problème de définition de l’homme. Chaque homme est-il un être singulier ou se définit-il par ce qu’il a de commun avec les autres, par l’origine commune qui détermine sa naissance (que cette origine soit un Dieu, une nature ou un certain nombre de caractéristiques biologiques ou physiologiques) ? Y a-t-il des différences irréductibles entre les hommes ou peut-on passer sans contradiction d’un homme à son voisin ou à son frère ? Toute la difficulté de ce sujet devient donc de savoir dans quelle mesure le fait d’être un homme ne cache pas un paradoxe. En effet, d’une part, je suis un homme en me distinguant du monde et des autres par l’autonomie de mon esprit et de mon action. Mais d’autre part, je suis un homme par ce qui me rattache et me fait dépendre des autres, par ce qui est commun en moi avec les autres. Au-delà d’un problème de définition, l’enjeu de ce sujet est donc moral et politique puisque le fait de savoir si autrui est mon prochain détermine le fait que je dois ou non le respecter comme moi-même.
(...)
Plan proposé
Partie 1
a
Il d’abord possible de commencer en essayant de définir ce qui fait individuellement un homme pour chercher à dire si cette définition propose un rapport nécessaire à autrui. En ce sens, la définition de l’homme comme animal doué de pensée n’inclut pas forcément le rapport à l’autre, si ce n’est comme un autre animal.
b
Toutefois, cette définition animale minimale est, dans les faits, déjà le fruit d’une reconnaissance de l’autre, dans la mesure où je prends conscience de la situation d’autrui au moyen d’une représentation qui me le présente constitué de la même manière que moi et me ressemblant globalement.
c
Plus profondément même, il apparaît clairement que je pense la situation d’autrui et suis obligé de concéder qu’il est doté du même pouvoir de mouvement que moi et des mêmes caractéristiques que moi.
Partie 3
a
En outre, il paraît nécessaire de reconnaître que les rapports entre les hommes sont infiniment plus complexes qu’une simple reconnaissance de ressemblance, dans la mesure où l’homme a besoin de l’autre pour survivre (entraide économique par exemple).
b
Ce besoin pousse donc l’individu à reconnaître non seulement l’existence d’un autre individu comme autre animal qui peut lui être utile et doit pouvoir construire un certain confort avec lui,
c
mais également comme détenteur d’une pensée, de droits et de devoirs découlant du rapport d’égalité.
Partie 3
a
Dès lors, autrui devient un "prochain" dès l’instant où le rapport de coopération peut se muer en rapport de partage, de connivence, d’amitié ou de confiance.
b
La sociabilité économique et politique conduit donc directement à une dimension morale profondément ancrée en chacun,
c
qui oblige non seulement à reconnaître l’autre, à lui attribuer une dignité, mais qui oblige aussi à le considérer comme un prochain qui me permet réciproquement, dans le regard qu’il porte sur moi et dans l’estime qu’il a de moi, de trouver ma propre valeur et de définir mon identité d’homme.
