Arendt, La condition de l’homme moderne

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L'analyse du professeur


Sartre écrivait, dans Huis Clos, « L’enfer, c’est les autres ». Célébrissime citation qui avait pour but de montrer que l’autre est à la fois celui qui m’entrave et celui qui est indispensable à l’affirmation de ma liberté, elle montre à quelle point le rapport de l’homme à autrui est complexe. Dans La condition de l’homme moderne, Arendt aborde ce problème, et défend la thèse selon laquelle sans autrui, l’homme ne peut se développer et se réaliser. La communauté politique a donc un rôle essentiel à jouer dans l’affirmation de soi : l’homme ne trouve d’identité, de responsabilité et de liberté, qu’à la condition d’éclairer son action à la mesure des autres. Nous nous attacherons à montrer que le texte débute par une définition paradoxale de la liberté de l’homme, qui n’existe jamais sans contrainte. Puis nous essaierons de comprendre en quoi cette définition permet de donner un sens à l’identité de l’homme, et de saisir quel est la signification de sa liberté. Nous serons alors en mesure de saisir la raison pour laquelle l’homme n’est pleinement homme que dans une communauté politique, qui l’appelle à se réaliser.

[...]

Plan proposé

Partie 1

a

Ligne 1. Arendt suppose ici qu’il y aurait une forme de responsabilité inhérente au fait d’être humain, c’est-à-dire que tout action s’accompagnerait d’une forme de responsabilité morale à l’égard de ce que nous faisons.

b

Ligne 2 / 3 jusqu’à « relever ». La responsabilité permet de fonder la liberté, puisque celui qui ne serait pas responsable de ce qu’il fait serait dans une situation figée, qu’il ne peut changer et qu’il subit d’une façon continue, sans pouvoir en changer la nature et le cours.

c

Ligne 3 / 4, jusqu’à « charme ». La comparaison employée ici a pour but d’insister sur le pouvoir de contrainte que serait une absence de responsabilité et de liberté. Loin d’être innocent, celui qui se pense comme causé par des évènements extérieurs qu’il ne peut changer se trouve une victime morale, qui doit subir les effets d’une action dont il n’est pas l’auteur et qu’il ne peut pas changer.

Partie 2

a

Ligne 4 / 5 jusqu’à « identités ». La question de l’identité intervient ici, parce que le fait de posséder une identité (être capable de se définir et de se poser par soi-même) dépend de la capacité à être quelqu’un, c’est-à-dire de s’attribuer en propre des choses et à les assumer. Or, si je ne suis responsable de rien, rien ne m’est propre, et j’ai une identité qui n’est jamais personnelle, mais appartient en commun à toutes les choses qui m’entourent.

b

Ligne 5 / 8 jusqu’à « dissiper ». La thématique des ténèbres est ici une thématique qui rappelle les Lumières, et qui a donc pour but de montrer que le projet de liberté qui accompagne la modernité politique n’a de sens qu’à la condition que l’homme possède une conscience de soi et une forme de responsabilité de ses actes.

c

Ligne 8 / 9 : L’homme ne peut en ce sens être libre qu’à la condition de posséder une conscience de soi et une connaissance de soi, c’est-à-dire à a condition de s’affirmer comme maître de soi et détenteur d’une identité propre. Dans ce processus, c’est la présence de l’autre qui est révélatrice, puisque l’autre, dans sa simple différence à l’égard de moi-même, contribue à ce que je m’affirme. Cette affirmation prend la double forme de la promesse (l’engagement contractuel qui fonde les normes du vivre ensemble) et de l’action (réaliser ses promesses, les honorer).

Partie 3

a

Ligne 9 / 10 jusqu’à « qu’à soi ». Les deux facultés humaines (promesse et accomplissement de l’action) dépendent donc de la présence de l’autre, ce qui revient à dire que l’homme n’a conscience de ce qu’il est que en fonction de la présence des autres, et n’a conscience de ce qu’il fait qu’en raison de la promesse qu’il fait aux autres. L’homme se réalise ainsi dans une communauté humaine, et jamais sans autrui.

b

Le pardon et la promesse sont ainsi des actes qui dépendent de la position qu’on a à l’égard de soi-même (la possibilité de promettre et de pardonner dépend d’une faculté propre à chacun, et essentielle pour que chacun se réalise), mais ils n’existent que dans une monde réellement humanisé, c’est-à-dire qu’il dépendent de la présence d’une communauté politique, dans laquelle l’homme trouve les moyens de se développer.