Annales BAC 2009 - Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

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L'analyse du professeur


Georges Canguilhem évoque une anecdote relayée par les étudiants en médecine. Un Professeur de médecine, enseignant l’autopsie, aurait trépané un cadavre devant une assemblée de jeunes étudiants, et se serait esclaffé : « vous voyez, pas d’âme : la preuve scientifique des mensonges de la religion ! ». En réponse à cette exclamation, un ouvrier, présent dans l’amphithéâtre pour repeindre le toit, aurait répondu : « ben, évidemment, elle s’est envolée ! ». Ce dialogue enseigne le dialogue de sourds dans lequel s’enferment souvent science et religion, et la facilité qu’il semble y avoir à produire des réponses toutes faites à toutes les questions qui se posent, selon le critère de vérité retenu.

En ce sens, il est possible de s’interroger sur la pertinence des réponses que la science prétend fournir à toute question. La science se veut un discours logique qui fonde ses assertions sur une vérification expérimentale lui permettant de donner corps au processus hypothético-déductif qui la caractérise. Sa méthode semble ainsi en faire un processus hors de tout soupçon, à même de proposer des démonstrations infaillibles. Comment alors expliquer qu’elle se trouve parfois mise en contradiction, et que des vérités jusqu’à présent indubitables deviennent subitement douteuses ? Comment expliquer par ailleurs que sa méthode n’a pas nécessairement de prise sur tout, et ne parvient pas toujours à dire le vrai ? Dans quelle mesure et jusqu’à quel point la science a-t-elle réponse à tout ?

Nous tenterons, dans un premier temps, de montrer que la science ne peut avoir de réponse que sur les objets qu’elle est capable d’expérimenter, et qu’ainsi elle ne peut avoir autorité sur toutes les questions. Nous en viendrons toutefois à montrer que la méthode scientifique est hypothétiquement compétente à propos de toutes choses, quand bien même elle n’est pas actuellement effective, ce qui revient à dire que la science répond en puissance à toute question. Il nous faudra toutefois, en dernier ressort, mettre en doute cette affirmation, pour montrer que la science n’a de pertinence et de pouvoir de réponse qu’à la condition de souscrire aux axiomes qui la fondent.
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