Annales BAC 2009 - L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?

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L'analyse du professeur


L’importance prise par les lois mémorielles dans l’actualité politique française, et les débats récents autour de la question de savoir qui a autorité sur la connaissance du passé, contribuent à rendre saillant le problème de l’objectivité historique. Source de problème, au moins depuis les recherches en épistémologie historique de L’école des annales, l’histoire apparaît ainsi comme une science éminemment humaine, dont la fragilité est sans cesse renforcée par les acteurs de sa construction.

À cet égard, se demander si l’objectivité de l’histoire suppose l’impartialité de l’historien invite à s’interroger sur l’importance du facteur humain dans l’enquête du passé. Si l’histoire est la science qui a pour but de réfléchir à la manière de construire un récit objectif des évènements passés, il semblerait que l’impartialité de l’historien découle naturellement de l’objectivité du récit, puisque seul un regard critique et neutre peut espérer atteindre une forme de récit de ce qui a été, indépendant des surinterprétations subjectives biaisant la réalité passée. Cependant, une telle exigence est peut-être trop forte, dans la mesure où elle conduirait alors à faire de l’histoire une science de dieux ou de surhommes, capables de s’extraire de ce qu’ils sont et de dépasser la mesure de la finitude humaine, pour atteindre l’idéal de l’objet passé, sans détour ni médiation. L’enjeu de cette réflexion sera donc de savoir si cette exigence ne conduit pas tout simplement à renoncer à toute histoire, et à se méprendre ainsi sur l’objet même de l’histoire.

Nous tâcherons tout d’abord de montrer que l’histoire se doit d’être une science objective, et qu’elle ne le peut qu’en supposant l’impartialité de celui qui oeuvre à sa construction. Nous en viendrons toutefois à constater que cette définition de l’objectivité historique fait de l’histoire une science idéale, hors de la portée de l’homme, et méconnaît ainsi le labeur de l’historien, dont la partialité nécessaire se trouve compensée par l’exercice critique constant. Il nous faudra alors, en dernière instance, tenter de montrer que l’histoire ne peut être ainsi jugée à l’aune de l’objectivité, ce qui nous conduira à penser que la partialité de l’historien est la condition paradoxale d’une objectivité redéfinie de l’histoire.
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