Annales BAC 2006 - Peut-on juger objectivement la valeur d’une culture ?

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L'analyse du professeur


La culture désigne l’ensemble des pratiques et des valeurs constitutives de l’identité d’un peuple qui construit son devenir dans l’histoire. La culture paraît donc éminemment tributaire de la façon dont les hommes construisent leurs existences. Elle est le produit d’une construction historique subjective et axiologique, c’est-à-dire qu’elle dépend de choix de valeurs contextuels et particuliers à certains hommes à certains moments de leur développement. Il semblerait alors absurde de prétendre juger objectivement de la valeur d’une culture. Toutefois, le conflit des cultures et la façon dont fonctionnent certaines cultures, qui heurtent parfois nos propres principes culturels, posent la question du jugement de valeur que l’on pose ainsi implicitement sur les cultures. En rejetant en effet les pratiques de certaines cultures, ou leurs valeurs, il est évident que nous jugeons que ces cultures ne sont pas les meilleures pour nous, et ne conviennent pas à nos idéaux ou à nos modalités de fonctionnement. Ce jugement est-il toujours subjectif ? Il serait tentant de l’affirmer, pour adopter une position relativiste tolérante, mais ce serait oublier que la plupart des cultures, comme celle des civilisations occidentales globalement fondées sur la référence des droits de l’homme, se veulent universelles et prétendent détenir la clé dernière ou la vérité des comportements et des valeurs des hommes. Cette position suppose donc la référence implicite à un jugement objectif sur la valeur de la culture.

(...)

Plan proposé

Partie 1

a

La culture résulte tout d’abord d’un processus de construction historique qui consiste à sédimenter des pratiques et des valeurs parce qu’elles correspondent aux choix des hommes et aux modalités collectives de leurs vies.

b

À cet égard, la culture dépend de choix subjectifs partagés par des groupes d’hommes, et il serait impossible de justifier de tels choix objectivement, tant ils sont le produit d’habitudes lentement adoptées et qui n’ont pas été pensées purement rationnellement et objectivement.

c

En outre, on voit mal comment juger objectivement d’une culture si cette culture n’est pas la nôtre et qu’on ne la considère qu’extérieurement, sans en comprendre les valeurs, les attachements sentimentaux et les modalités pratiques.

Partie 2

a

Toutefois, lorsqu’un individu adopte une culture, sa façon d’y adhérer n’est jamais purement et simplement docile. Il exerce son esprit critique, la jauge, l’adopte parce qu’elle lui convient dans ses modalités particulières de vie.

b

En ce sens, l’adhésion à des valeurs culturelles est analysée et comprise, au point de sortir d’une pure et simple subjectivité pour être vécue plus rationnellement et plus consciemment.

c

Plus largement, il apparaît que toute culture à une tendance forte à l’universalisme. Elle se veut en effet un système de comportements et de valeurs qui permet à tout homme de vivre par lui, et se pose ainsi de façon exclusive comme le système sinon le meilleur, en tout cas le plus adapté pour bien vivre.

Partie 3

a

L’objectivité du jugement de valeur porté sur une culture est donc une objectivité pratique, qui a pour finalité de montrer que la culture en question est pertinente et adpatée à des contextes et à des situations.

b

Il semble toutefois que le propre de toute culture est de se transformer dans le temps et de s’adapter aux nouvelles manières de vivre et aux changements induits par l’évolution des civilisations.

c

En ce sens, juger objectivement de la valeur d’une culture reviendrait à juger de sa manière de s’adapter à de contextes qui se transforment dans l’histoire pour correspondre à tout homme et permettre à chacun de vivre au mieux. C’est l’universalité de la culture qui devient son critère d’objectivité, ce qui correspond par exemple à la façon dont la culture occidentale des droits de l’homme peut prétendre être la culture la plus adaptée à tout individu, quel que soit son identité particulière.