Annales BAC 2006 - L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ?

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L'analyse du professeur


L’histoire est à la fois le nom qui sert à désigner la suite chronologique des évènements dans le temps, et la discipline qui analyse cette suite chronologique pour en fournir des interprétations et en analyser le contenu. Ce sujet porte évidemment sur la discipline, et sur la capacité qu’elle aurait, en analysant la logique évènementielle, à vaincre l’oubli naturel. L’homme est en effet un être marqué par la finitude, c’est-à-dire par les limites physiques et spirituelles de son être, au point qu’il est à l’évidence incapables de se souvenir de tout, non seulement des évènements que ses aïeux ont pu vivre, mais également des évènements qu’il a pu, par lui-même, vivre. L’intérêt premier de l’histoire serait donc d’aider la collection des souvenirs, c’est-à-dire de permettre aux hommes de pallier leurs insuffisances naturelles. Toutefois, ce travail de l’historien est lui-même problématique : comment parvenir à faire mémoire étant donnée la richesse des évènements et leur complexité ? Comment opérer un tri entre les évènements signifiants ? Le problème que pose ainsi ce sujet est de savoir dans quelle mesure le travail d’analyse du cours des évènements n’implique pas une réduction de la signification, voire une trahison de la mémoire réelle, au profit d’interprétations subjectives et contestables. L’histoire n’aiderait pas, en ce sens, à la mémoire du passé, mais condamnerait cette mémoire en fermant le questionnement sur le sens des évènements, au profit d’un sens logique et unilatéral. (...)