Alain, 81 chapitres sur l'esprit et les passions, Introduction

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L'analyse du professeur


Le philosophe est parfois représenté comme un vieux sage ou un vieil ermite perdu dans l’obscurité de ses pensées, comme Le philosophe en sa méditation de Rembrandt. Il semble à cet égard détaché du monde et de son urgence, tout entier absorbé par l’alcôve de ses réflexions. Est-ce à dire que la philosphie, étymologiquement amour de la connaissance et de la sagesse, ne sert à rien ni à personne de ce monde, sinon à ce jaloux replié sur la beauté de ses IdéesĀ ? Le texte d’Alain contribue en partie à fournir une réponse à cette question. Il défend en effet une définition de la philosophie montrant que le propre de la connaissance philosophique est de développer une éthique universelle permettant à celui qui la détient de devenir autonome dans l’exercice de son action. Nous nous attacherons à analyser ce texte en montrant qu’il débute tout d’abord par une définition de la philosophie comme connaissance morale. Nous en viendrons alors à comprendre les propriétés de cette connaissance morale, en tant qu’elle n’est pas parfaite. Il nous faudra alors, dans un dernier temps, montrer que la philosophie est une connaissance désintéressée qui ne vise pas tant au développement des choses qu’au développement de l’homme et de sa responsabilité morale.

[...]

Plan proposé

Partie 1

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l1-l3 Alain propose ici une définition de la philosophie comme morale, puisqu’il s’agit d’une capacité à définir le bien et le mal afin de réguler les passions humaines, c’est-à-dire afin d’obtenir un contrôle sur des sentiments et des pensée que nous subissons et qui nous conduisent à agir dans la précipitation et sans discernement.

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l3-l5 La connaissance philosophique est une connaissance des choses et une connaissance de l’homme, c’est-à-dire qu’elle ne peut être efficace moralement qu’à la condition de pouvoir justifier ce qu’elle avance et préconise en fonction d’une connaissance fine de la nature des choses et de l’homme.

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l5-l7 La connaissance philosophique a toujours une finalité morale, c’est-à-dire qu’elle sert toujours à améliorer le comportement de celui qui la développe, mais comme morale elle ne relève pas de la croyance. Elle dépend plutôt du jugement et se fonde sur la rationalité de celui qui sera capable de la mobiliser de façon autonome et responsable.

Partie 2

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l8-l9 La connaissance philosophique n’est pas nécessairement tout puissante et omniscienteĀ : il s’agit d’une connaissance qui rencontre ses limites, d’une connaissance finie propre à un homme imparfait qui sait reconnaître ses limites et ses faiblesses.

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l10 En revanche, ce qu’elle sait, elle le sait bien et de façon efficace. La connaissance philosophique est une bonne connaissance, c’est-à-dire une connaissance pertinente et rigoureuse, qui mobilise les moyens adéquats aux fins qu’elle se propose, tout en sachant se garder de fins qui ne seraient pas à la portée de l’homme.

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l11-l12 La connaissance philosophique est une connaissance efficace. Le but de la connaissance philosophique est et reste l’amélioration morale de celui qui la développe, c’est-à-dire sa capacité à servir à quelqu’un.

Partie 3

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l13-l14 La connaissance philosophique est une connaissance éthique universelle, c’et-à-dire qu’elle n’a pas pour but d’être asservie à une utilité venant d’un autre domaine ou appliquée à un autre domaine que celui de l’action morale de celui qui agit. Ainsi la connaissance philosophique est-elle une connaissance qui poursuit la simple fin du bienL

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l14-l15 Elle est philosophique en tant qu’elle est désintéressée et non appliquée à la satisfaction d’un besoin extérieur à la connaissance. Cela veut dire que celui qui agit bien agit pour le bien. Son action est donc personnelle, mais non égoïste (elle sert au bien de tous).

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l15-l16 La connaissance philosophique est un développement de l’esprit. En contribuant à la connaissance du bien, la connaissance philosophique fournit à celui qui agit les moyens d’être heureux et d’être libre, c’est-à-dire de ne dépendre de personne ou de rien d’autre que de lui-même (idéal de l’autonomie).