L’art ne sert-il à rien ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet invite à poser le problème des finalités de l’art. La question de l’utilité de l’art est en effet récurrente, dans la mesure où nous supposons implicitement que toute activité n’est pas à elle-même sa propre fin mais sert à autre chose (de la même façon que la médecine sert à soigner, soigner sert à être en bonne santé, être en bonne santé sert à bien vivre, bien vivre à être heureux etc.). Or, l’oeuvre d’art, dans la mesure où elle est destinée à être vue, à se montrer, semble se définir par une forme de gratuité esthétique l’affranchissant de toute utilité directe dans son rapport aux autres activités humaines, tout au moins dans un rapport utilitariste qui fait de toute chose un moyen en vue de la production d’une autre chose.

Dès lors, si l’oeuvre d’art ne produit rien d’autre que le fait de montrer quelque chose qui ne peut avoir d’utilité instrumentale pour celui qui la contemple, il semble pourtant, par ailleurs, que le fait de contempler une oeuvre d’art procure des sensations, des idées, des impressions qui, si elles ne sont pas quantifiables très directement en termes d’utilité matérielle, sont pourtant importantes aux yeux des hommes. Tout le problème sera donc de montrer que le critère de l’utilité est, rapporté à l’art, ambigu et oblige à redéfinir l’utilité selon un critère non utilitariste.
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