Ce qui est naturel a-t-il nécessairement de la valeur ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet repose implicitement sur la possibilité d’appliquer un jugement de valeur à une chose qui existe indépendamment de la volonté humaine. Il s’agit donc de se demander si la nature (c’est-à-dire l’ensemble des phénomènes naturels existant sans l’intervention de l’homme) est bonne par elle-même, c’est-à-dire peut servir de référence et orienter l’action humaine. Autrement dit, ce qui est naturel est-il bon ou permet-il de définir une norme du bien ?

Or, cette question paraît faire écho à un avis commun selon lequel, lorsque nous observons le monde naturel, nous sommes portés à en admirer la structure et l’existence, et nous dire : « c’est drôlement bien fait ». Autrement dit, notre expérience des choses naturelles nous porte à y voir une forme d’harmonie qui nous pousse à penser que la nature résulterait d’une intelligence, d’une forme de travail de fabrication dont l’auteur serait particulièrement ingénieux. Nous nous trouvons donc devant un constat relevant de l’anthropomorphisme puisque nous attribuons le monde à un auteur (Dieu comme architecte ou encore une puissance naturelle non divine) qui serait un auteur intelligent qui n’a rien fait au hasard (on dit d’ailleurs que la nature "ne fait rien en vain" et Einstein lui-même a dit que "Dieu ne joue pas aux dés"). Pourtant, paradoxalement, nous avons conscience que nous n’avons aucune preuve de l’existence de cet auteur, et que la valeur de ce qui est naturel n’est pas tant une valeur objective qu’une valeur subjective, relative à notre façon de comprendre les choses et de les juger. La question se pose ainsi de savoir s’il est juste de produire un tel raisonnement, c’est-à-dire si nous avons le droit et si cela peut avoir une pertinence. (...)