La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

Partager sur Facebook Partager sur Twitter


L'analyse du professeur


Si l’on découpe le mot de conscience, on s’aperçoit qu’il signifie "avec science", c’est-à-dire avec connaissance, savoir. Tout le problème qui se pose est alors celui de savoir dans quelle mesure l’impression que nous avons d’être proches de nous-mêmes, l’intuition que nous avons de nous dans nos actes quotidiens ou dans nos pensées suivies, est un savoir véritable et clair. Cela est d’ailleurs confirmé par la présence du verbe être (« est-elle ») puisqu’il s’agit de réaliser à quel chose, à quel "être" la pensée de nous nous renvoie. En d’autres termes, il faut élucider la nature de cette pensée qui nous prend pour objet, qui est autoréférentielle, qui nous réfléchit.

Le paradoxe de ce sujet tient donc au fait que la conscience de soi nous livre un sentiment de proximité vis-à-vis de nous-mêmes, sentiment irréductible selon lequel nous pensons être plus proches de nous-mêmes que n’importe qui, mais sentiment contradictoire dans la mesure où il n’est pas vraiment une connaissance explicite et claire. La conscience de soi, en outre, n’est pas toujours de la plus grande lucidité et de la plus grande honnêteté, ce qui conduit à douter du fait que nous soyons les plus proches de nous-mêmes.

(...)

Plan proposé

Partie 1

a

Il est possible de partir de l’évidence en montrant que nous avons la conviction d’avoir conscience de ce que nous sommes. En effet, une pensée de nous-mêmes accompagne tout acte que nous faisons

b

et cette pensée correspond immédiatement à ce que nous ressentons et permet de l’expliquer,

c

ce qui nous permet de dire que nous avons une perception rationnelle de l’unité de l’âme et du corps qui nous caractérise.

Partie 2

a

À cet égard, nous pouvons même approfondir la rationalité de cette conscience de nous-mêmes. En effet, la réflexion que nous avons sur nous-mêmes est le fondement de toute connaissance et d’abord d’une connaissance de ce que nous sommes par rapport aux choses.

b

Une telle connaissance opère la synthèse de ce que nous avons été et de ce que nous sommes devenus

c

et nous projette dans ce que nous aimerions devenir en évaluant ce que nous ne sommes pas encore pour comprendre ce que nous pourrions être.

En ces trois sens, la conscience de nous est effective comme savoir autonome et exhaustif.

Partie 3

a

Toutefois, l’objectivité d’une telle connaissance apparaît comme douteuse. En effet, s’agit-il d’une connaissance véritable et éprouvée dès l’instant où il semble impossible d’avoir un rapport désintéressé et impartial à soi ?.

b

En outre, en montrant à quel point nous n’avons pas forcément entièrement conscience de tout ce qui nous détermine et pousse à agir, la psychanalyse tend à dénier le statut de connaissance à cette conscience très partielle et partiale de soi.

c

Enfin, il semble nécessaire de reconnaître que la conscience que nous avons de nous est peut-être plus une conscience de notre rapport aux choses qu’une conscience véritable de nous-mêmes de façon indépendante, ce qui achève de remettre en question une connaissance véritable de soi à partir de la conscience que nous avons de nous-mêmes.

Cette troisième partie est donc une remise en question assez forte tendant à relativiser la conscience de nous en direction d’une pensée indirecte qui n’est pas une connaissance mais une perception vague et fuyante.