L’homme a-t-il nécessairement besoin de religion ?

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L'analyse du professeur


Il s’agit ici de se demander si le fait de croire et d’adopter une religion vient de la nature humaine, se justifie en raison d’une définition essentielle de l’homme, ou si tout au contraire elle ne procède que d’une illusion due à la faiblesse de l’esprit humain, à la fragilité d’un homme qui ne parvient pas à comprendre le sens de sa destinée. Il semble à première vue que la religion unit les hommes dans une communauté de croyances dans la mesure où chacun reconnaît l’existence supérieure d’un Dieu. En cela, la religion est affaire d’individu et semble reposer sur une forme de besoin personnel et, plus précisément, spirituel. Mais, outre ce lien social, la religion, comme la science d’ailleurs, est un mode d’explication du monde et de ce qui est : elle un discours de vérité visant à expliquer la nature des choses à partir d’une origine créatrice qui est le divin. La vérité dépend donc d’une révélation première qui est la norme du vrai (la Bible pour les chrétiens par exemple) et cela conditionne une compréhension de l’histoire qui n’est pas progressive mais reste dépendante d’une origine vraie indépassable qui est le Dieu. En ce double sens, la religion résulte bien d’un besoin individuel de comprendre le monde et de vivre avec autrui, besoin qui se trouve satisfait par la façon dont le Dieu a conçu la place de l’homme au sein de la création.

Le rapport de l’homme à la religion est donc ambigu. D’une part, c’est la fragilité existentielle qui expliquerait le besoin de Dieu, besoin ancré dans la volonté de retrouver un père rassurant, de posséder une certitude devant les contingences de l’existence. Mais d’autre part, le besoin de Dieu ne serait pas qu’une affaire de volonté et de connaissance : l’homme en aurait essentiellement besoin, sans quoi son existence deviendrait absurde, serait sans origine et sans finalité.

(...)

Plan proposé

Partie 1

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Il convient d’abord de montrer que la religion a pu s’offrir comme un pouvoir d’explication des choses : elle a été et est encore un des discours les plus accessibles expliquant l’origine du monde et la raison d’être de toute chose.

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La religion est également le moyen d’une cohésion sociale, puisqu’elle instaure des pratiques cultuelles collectives.

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Sous ces deux aspects, la religion satisfait au besoin des hommes comme fidèles ou comme croyants. Elle offre l’image rassurante d’une instance qui répond aux besoins existentiels et essentiels des hommes.

Partie 2

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Cependant, le progrès des sciences et des explications rationnelles du monde semble indiquer une méfiance de plus en plus grande à l’égard des discours religieux.

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Il convient donc rétrospectivement de constater que la religion ne correspondait pas vraiment à un besoin essentiel de l’homme, puisque d’autres discours ont pu se substituer au discours théologique. L’existence paraît ainsi mieux expliquée par les règles des sciences que par le discours métaphorique des religions.

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L’homme n’a donc plus nécessairement besoin de religion et la religion n’est qu’une explication dogmatique dont le besoin ne se fait ressentir qu’aux limites des sciences, là où les dogmes peuvent encore se substituer à l’ignorance.

Partie 3

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Faut-il alors encore accorder une valeur à une religion dont les individus constatent de plus en plus qu’elle est contestée dans sa capacité à expliquer le monde ? A-t-elle une vertu différente qui la valoriserait par rapport à d’autres explications du monde ?

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La religion propose un discours qui s’adresse à la sensibilité et à la subjectivité des individus. Elle diffère en cela des autres discours et il est difficile de nier qu’elle rassure moralement là où les discours des sciences ne font qu’expliquer la situation de l’homme au monde.

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Dès lors, si la religion peut encore aujourd’hui être nécessaire c’est en tant qu’elle propose une synthèse de croyances subjectives des individus. Autrement dit, la religion ne désignerait pas tant un besoin qu’un mode d’existence des sentiments personnels et un discours donnant une cohérence aux perceptions subjectives du monde.