Changer, est-ce devenir quelqu’un d’autre ?

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L'analyse du professeur


Ce sujet peut apparaître initialement comme trompeur et faussement problématique. En effet, n’est-ce pas un faux problème que de déduire du fait que nous changeons sans cesse le fait que nous devenons quelqu’un d’autre ? Nous sentons bien que nous restons le même et il semble absurde de dire que nous changeons radicalement d’identité. Pourtant nous savons bien, après plusieurs années de recul, que nous peinons à reconnaître des gens que nous n’avons pas vu. D’ailleurs, nous changeons bien de carte d’identité pour ressembler à la personne que nous sommes devenue. Tout le problème est donc de comprendre ce qui fait l’identité d’une personne. Comment obtenir une définition de la personne attendu qu’elle semble obligée à un devenir qui ne lui permet pas de rester elle-même et qui peut tout changer en elle ? Comment peut-on à la fois se sentir soi-même à chaque instant conscient de notre existence et s’apercevoir que nous ne sommes plus la personne que nous étions auparavant ?

(...)

Plan proposé

Partie 1

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Il est possible de partir de l’évidence selon laquelle nous n’avons, contrairement aux schizophrènes, qu’une seule identité. Cette évidence tient au sentiment d’identité que nous éprouvons à chaque instant du fait de l’unité de notre pensée et de notre corps,

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sentiment qui conduit à penser que le changement ne change rien d’essentiel mais ne modifie que des caractéristiques accidentelles de ce que nous sommes.

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Dès lors, il ne s’agirait que d’une erreur de langage lorsque nous disons que nous devenons quelqu’un d’autre puisque nous ne devenons que nous-mêmes, c’est-à-dire que nous n’exprimons que ce qui est déjà en nous

Partie 2

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Cette réponse semble toutefois insuffisante puisqu’elle contredit une autre évidence selon laquelle nous constatons parfois que nous sommes radicalement opposés à ce que nous avons été. En effet, il apparaît que rien, ni corps ni esprit, n’est définitif en nous puisque nous pouvons tant changer d’apparence physique

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que d’idées et de façons de penser.

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Ainsi, si nous sommes susceptibles de changer au fur et à mesure de nos expériences, il semble impossible de croire à une permanence de l’identité, ce qui conduit à penser que nous devenons quelqu’un d’autre qui n’est pas prédéterminé.

Partie 3

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Toutefois, la réponse que nous apportons apparaît peut-être comme trop radicale puisque nous ne n’éprouvons jamais de rupture radicale par rapport à ce que nous étions. À cet égard, notre aspect physique et notre psychisme ne sont pas susceptibles de variations infinie.

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Ainsi, si la dissociation entre le moi fondamental et le moi superficiel est une fausse dissociation puisque ce sont les aspects fondamentaux de notre caractère et de notre personnalité qui sont susceptibles de changer, le changement lui-même reste progressif et lent,

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ce qui conduit à penser que l’homme est une dynamique de changement qui n’est pas déterminé par une essence qu’il posséderait de toute éternité mais qui se construit à mesure de son contact avec le monde et les autres.